La plantation de café de Captain Hook est un incontournable de la boucle des Boloven, bien que les horaires d’accueil en matinée soient un peu tardifs. Si je n’y ai pas passé une nuit, une amie l’ayant fait le recommande vivement.
Une entrée peu accueillante
À l’entrée du village, on nous demande une contribution de 10 000 kips pour y pénétrer. Un peu surprenant et pas très engageant, même si la somme est modique. Cela pose tout de même question : et si chaque village appliquait cette pratique ?
Passé ce petit désagrément, je parcours en scooter la centaine de mètres qu’il reste jusqu’à la maison de Captain Hook, où l’aventure commence.
Respect des règles locales
Avant de débuter la visite, quelques règles sont rappelées. Dans ce village et plus largement au Laos, certaines attitudes sont mal perçues.
Il est impoli de montrer des signes d’affection en public, de pointer du doigt ou encore de frapper à une porte. Des détails qui semblent anodins pour nous, mais qui font partie intégrante des us et coutumes locales.
À la découverte du peuple Katu
Le village de Captain Hook est habité par l’ethnie Katu, un peuple dont les origines remontent à l’Inde et au Cambodge, avant leur installation au Laos. Leur culture est marquée par des traditions bien ancrées, notamment en ce qui concerne le mariage. Les unions sont arrangées dès l’enfance, parfois dès l’âge de cinq ans. La dot, autrefois composée d’animaux, se traduit aujourd’hui par des objets modernes comme des téléphones ou des motos.
Les jeunes filles rejoignent la famille du mari, parfois dès l’âge de dix ans. Le mariage entre cousins est favorisé et un homme peut prendre plusieurs épouses, à condition de pouvoir payer la dot pour chacune.
Si un homme meurt, sa femme peut être remariée à l’un de ses frères.




Dans cette communauté, l’homosexualité ne semble pas exister, sans doute parce que les membres savent dès l’enfance avec qui ils se marieront, limitant ainsi les questionnements sur leur orientation.
Un autre détail assez drôle, certains villageois sont persuadés que les blancs ont les yeux bleus car ils boivent du fanta, le nez long car ils mangent des baguettes de pain, et qu’ils sont riches tout simplement car ils peuvent imprimer des billets.
Un mode de vie assez strict et organisé
Les Katus sont animistes, croyant aux esprits de la nature et des ancêtres. Contrairement aux bouddhistes, ils enterrent leurs morts plutôt que de les incinérer, un point essentiel de leur identité qui justifie en partie leur attachement à la communauté et le fait qu’ils se mélangent peu avec les autres.
Leur quotidien est rythmé par le travail, principalement dans les champs. Les pauses sont rares, excepté pour les accouchements. L’espérance de vie est d’environ 70 ans pour les hommes et 80 ans pour les femmes. Lorsqu’un bébé naît, la mère déclare qu’il sera bon pour qu’il le soit toute sa vie. Une tradition particulière consiste à enterrer le placenta dans le jardin et à placer la mère près du feu pour faciliter sa récupération.
Toutefois ici, tout le monde a le sourire, des enfants aux travailleurs des champs. Cela ne signifie probablement pas qu’ils mènent une vie simple, mais que l’on apprécie les opportunités simples de la vie, comme rencontrer des touristes et échanger avec eux.
Les trésors de la nature : plantes médicinales et traditions
La visite du village se poursuit par une exploration des plantations, notamment celles des plantes médicinales. La pharmacopée locale est impressionnante : remèdes pour le paludisme, les douleurs articulaires, les affections cutanées, les maux d’estomac ou encore les maux de gorge, chaque plante a son utilité. Certaines sont même hallucinogènes.
Les jeunes générations préfèrent souvent la médecine moderne avant de se tourner vers les remèdes traditionnels en cas de désespoir. Cette coexistence entre pratiques ancestrales et médecine moderne est révélatrice d’un mode de vie en transition.
La plantation de café et la dégustation
Après cette immersion dans les traditions Katus, nous découvrons la plantation de café, où nous avons droit à une démonstration de torréfaction par la femme de Captain Hook.
Passionné, monsieur nous partage plusieurs conseils pour optimiser la qualité du café :
- Attendre 40 minutes après le réveil avant de boire son café pour maximiser ses effets.
- Torréfier soi-même les grains pour garantir leur fraîcheur.
- Privilégier une tasse en céramique pour éviter les interactions chimiques avec le café.
- Éviter de consommer du café pendant les règles ou la grossesse.
Le marc de café n’est pas perdu : il peut servir à déboucher les éviers, éloigner les moustiques en le brûlant, fortifier les cheveux ou encore exfolier la peau lorsqu’il est mélangé avec de l’huile de coco. Un recyclage intelligent qui illustre leur ingéniosité.




Une immersion possible… mais pas pour cette fois
Pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience, il est possible de passer la nuit chez Captain Hook. Cela permet de mieux comprendre leur mode de vie, d’interagir avec les enfants, de goûter au whisky maison et même de partir à la chasse nocturne aux insectes.
Mais pour moi, cette découverte du village et de la plantation se termine ici. Une visite dense, enrichissante, qui mérite amplement le détour pour quiconque s’intéresse aux cultures traditionnelles et aux secrets du café laotien.