Perdue dans la campagne luxuriante du plateau des Boloven au Laos, la Happy Shared Farm promet un moment de calme, de partage, et de retour à l’essentiel. C’est en suivant les conseils d’une ancienne collègue que j’ai décidé d’y passer la nuit, lors de mon aventure en scooter sur cette fameuse boucle.
Une arrivée pas comme les autres
Comme souvent dans cette région, l’itinéraire indiqué par Google Maps s’est vite transformé en un chemin cabossé au cœur de la campagne. Les secousses m’ont fait douter plusieurs fois d’être sur la bonne route. Mais non, au bout d’un long moment à zigzaguer entre les trous, me voilà arrivé dans une petite cour entre le bâtiment principal et un jardin luxuriant.
C’est le frère du propriétaire qui m’accueille, tout sourire. Je gare mon scooter et commence à discuter un peu avec lui, jusqu’à ce que je remarque qu’un petit tour guidé de la ferme a déjà commencé. Je me joins discrètement au groupe pour découvrir les lieux.
Une ferme en devenir
Le projet de la Happy Shared Farm est encore jeune, mais l’ambition est claire : tendre vers l’autonomie complète. Pas encore d’animaux, mais une belle diversité végétale. Le champ de fruit de la passion surélevé est particulièrement impressionnant. On croise aussi des manguiers, des tomates, de la salade, des poireaux, des citrouilles, des carottes et de nombreuses fleurs qui colorent le jardin.
Ce sont en partie des volontaires français qui aident à entretenir le potager. Ils sont là depuis plusieurs semaines et participent activement à la vie de la ferme. Si ce type de séjour vous tente, sachez que le propriétaire est toujours ouvert à accueillir de nouveaux volontaires.
Un smoothie, un coucher de soleil, et… un peu de bruit
Après le tour, je commande un smoothie au fruit de la passion – frais, parfumé, mais un peu amer je dois dire – et monte sur le toit-terrasse du bâtiment principal. De là-haut, la vue est magnifique : une mer de verdure à perte de vue et un soleil qui descend lentement à l’horizon. L’ambiance serait parfaite… si ce n’était pour quelques touristes un peu trop bavards. Ce genre de désagrément reste fréquent en voyage, mais j’aurais aimé savourer davantage ce moment de calme.
Un dîner simple mais réconfortant
Je pensais qu’il y aurait peut-être des activités organisées le soir – une discussion autour d’un feu, une présentation du projet, une dégustation d’alcool local – mais rien de tout cela. Après une douche à la tombée de la nuit, on nous appelle pour le dîner. On partage tous la même table, ce qui crée une atmosphère conviviale.
Au menu : une soupe savoureuse suivie d’une tortilla aux légumes frais, avec une salade croquante. Un repas simple, mais bien préparé. Cette tortilla me rappelle un peu l’Espagne, où je vis habituellement. À table, je fais la connaissance d’un couple de retraités français adorables, qui partagent leurs récits de voyage. On se liera d’amitié – et par un hasard joyeux, je les recroiserai deux mois plus tard… au Vietnam !
Une nuit paisible… mais un petit goût d’inachevé
Je me couche tôt, dans un silence total, comme rarement on peut en connaître. Le sommeil est profond et réparateur. Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que j’espérais un peu plus : une interaction avec le propriétaire, une immersion plus forte dans la vie locale, peut-être un moment avec les enfants du coin, comme cela se fait dans d’autres fermes.
En effet, j’avais longuement hésité avec un autre hébergement : Captain Hook. Une amie y a passé la nuit et a eu l’expérience que j’imaginais ici : des enfants venus jouer et passer la soirée avec les voyageurs, une atmosphère vivante, joyeuse, spontanée. Ce sont souvent ces instants partagés, imprévus, qui font la magie d’un voyage.
La Happy Shared Farm est un bel endroit, sincère dans son projet et agréable pour une nuit au vert. Le calme, la beauté du lieu et la qualité de la nourriture en font une halte recommandable pour celles et ceux qui cherchent à souffler un peu hors des sentiers battus. Mais si vous êtes en quête d’une expérience plus immersive ou animée, mieux vaut peut-être se tourner vers d’autres fermes ou homestays de la boucle des Boloven. Cela dépendra de ce que vous cherchez : le silence ou le partage.