Ruta del vino y del singani à Tarija (Bolivie) : mon expérience

Comme on dit ici : « Al que vinó a Tarija y no toma vino, a qué vinó? » — littéralement, “celui qui vient à Tarija et ne boit pas de vin, à quoi bon être venu ?” Alors forcément, j’ai suivi le conseil local : j’ai réservé une excursion sur la Ruta del vino y del singani, la route du vin et du fameux alcool national, cousin éloigné du pisco chilien et péruvien. Une journée entre bodegas industrielles et artisanales, dégustations, rires (parfois un peu forcés) et belles découvertes.

Tarija, c’est une ville que beaucoup de voyageurs zappent — à tort. Située à plus de 1800 mètres d’altitude, entourée de collines verdoyantes, c’est une Bolivie plus douce, plus tranquille, presque méditerranéenne. Après avoir exploré la très sympathique région de Jujuy, dans le nord de l’Argentine, j’ai pris un bus de nuit pour traverser la frontière et rejoindre Tarija, dans le sud de la Bolivie. C’était le début de mon deuxième voyage dans ce pays que j’aime particulièrement : paysages grandioses, ambiance décontractée, et surtout cette hospitalité si typique des Boliviens.

J’ai aimé :

  • La guide, vraiment sympathique et professionnelle, qui connaissait parfaitement la région et ses produits.
  • Les deux premières bodegas, très bien tenues, où l’on sentait un vrai souci de qualité.
  • L’ambiance décontractée du groupe, mélange de Boliviens, d’Argentins et de quelques voyageurs étrangers.
  • Et bien sûr, la découverte du singani, un alcool que je ne connaissais pas du tout.

La Ruta del vino y del singani n’est peut-être pas la plus raffinée des routes œnologiques d’Amérique du Sud, mais elle a une vraie personnalité. On y découvre la passion bolivienne pour ses produits locaux, l’humour parfois un peu potache des bodegas artisanales, et surtout une atmosphère conviviale et sans prétention.

J’ai un peu moins aimé :

  • La qualité des vins goûtés, correcte mais pas transcendante (ce qui se comprend au vu du prix très abordable de l’excursion : 150 bolivianos, soit moins de 15 €).
  • Les toasts franchement salaces portés avant chaque verre dans certaines bodegas artisanales… amusants au début, mais un peu lourds à la longue.
  • Si vous ne parlez pas espagnol, mieux vaut peut-être visiter la Casa Real et une grande bodega comme Aranjuez par vous-même : les explications valent le détour.

Si vous cherchez une expérience viticole haut de gamme, ce n’est pas ici que vous la trouverez. En revanche, si vous aimez les aventures authentiques, les rencontres sincères et les découvertes insolites, Tarija et sa route du vin vous laisseront un beau souvenir.

Et puis, après tout, comme disent les Tarijeños : « Al que vinó a Tarija y no toma vino… a qué vinó ? »

Campos de Solana : la fierté tarijeña

La journée commence à la bodega Campos de Solana, l’une des plus réputées du pays. Ouverte en 2000, elle a rapidement gagné en prestige et se présente aujourd’hui comme le vin le plus primé de Bolivie. L’endroit est charmant : architecture moderne, grands espaces, ambiance sérieuse mais accueillante. On sent qu’ils ont de l’ambition et qu’ils visent un marché au-delà des frontières nationales.

La visite est bien rythmée : présentation du domaine, explication du processus de vinification, balade entre les cuves et les barriques… Le tout avec cette rigueur professionnelle qui donne confiance.
On nous montre la gamme complète de leurs vins — du jeune cabernet aux grands réserves — et il faut avouer que certaines bouteilles font envie.

Malheureusement, dans le cadre de la visite, un seul vin jeune est inclus à la dégustation. Bon, on se dit qu’on a toute la journée pour boire, alors on reste raisonnable. La guide fait une petite démonstration de dégustation — regarder la couleur, sentir les arômes, puis goûter — et on s’exécute, un peu appliqués. Le vin est bon, équilibré, mais encore un peu vert. J’aurais adoré essayer un reserva, mais entre le manque de place dans le sac à dos et les restrictions d’avion, j’ai passé mon tour pour l’achat de bouteille. Dommage !

Casa Real : à la découverte du singani

Deuxième étape, et changement d’ambiance : Casa Real, le temple du singani. La distillerie appartient à la même famille que Campos de Solana, mais ici, on plonge dans l’univers de la liqueur nationale bolivienne. Le singani est une eau-de-vie à base de muscat d’Alexandrie, distillée à haute altitude. Elle titre à 40 degrés, mais garde un parfum floral assez doux.

Tout est très professionnel et on sent que Casa Real joue dans la cour des grands et cherche à moderniser l’image de cet alcool ancestral.

À la fin, place à la dégustation du fameux chuflay, le cocktail national, mélange de singani, de ginger ale et de citron vert. L’alliance entre le gingembre et le citron vert relève parfaitement la douceur du singani. Frais, équilibré, délicieux ! Je comprends pourquoi les Boliviens en sont fiers. Si vous n’avez pas l’occasion de faire toute la route du vin, cette visite seule vaut déjà le détour.

Vinoteca : les petits producteurs à l’honneur

Troisième arrêt : une vinoteca où l’on goûte des vins de petits artisans locaux. L’ambiance y est plus rustique, plus authentique, mais aussi plus inégale. Ici, on sent la passion, parfois au détriment de la technique.

Les vins proposés ont une particularité : ils sont souvent sucrés, même les rouges. Ce n’est pas trop à mon goût, mais cela s’explique par un facteur géographique : à 1800 mètres d’altitude, les raisins mûrissent plus vite sous un soleil intense, ce qui favorise la concentration en sucre.

tour-del-vino-tarija degustation

La dégustation est accompagnée de quelques fromages et charcuteries locales, toujours bienvenus après plusieurs verres. J’apprécie surtout l’atmosphère bon enfant : les producteurs sont fiers de leurs vins, et ça se sent.

Tierra Chapaca : entre humour et excentricité

Avant-dernier arrêt : Bodega Tierra Chapaca, probablement la plus folklorique de la journée. Ici, on quitte le vin classique pour explorer un monde parallèle : les vins aromatisés. Cacao, fruit de la passion, pomme, fraise, pêche… la liste est longue et les couleurs aussi. Ce n’est pas vraiment du vin au sens strict, plutôt une expérience gustative curieuse, à mi-chemin entre liqueur et jus fermenté.

Mais ce n’est pas forcément ce qu’on retiendra le plus. Ce qui marque vraiment, c’est l’ambiance. Avant chaque dégustation, la serveuse nous fait répéter des petites phrases grivoises en rimes, du genre :

« Arriba las copas, más arriba los corazones, abajo los calzoncillos ! »
ou encore :
« Los hombres prometen hasta que lo meten, y una vez metido se olviden lo prometido. »

Je vous laisse deviner la traduction… Au début, c’est drôle, l’ambiance se détend, les rires fusent. Mais après cinq ou six verres, la répétition devient un peu lourde. On se regarde avec un sourire complice entre voyageurs : ok, on a compris l’esprit. Cela dit, difficile de bouder son plaisir : on est en Bolivie, et ici, la convivialité passe avant tout.

Casa Vieja : la touche finale

Dernier arrêt de la journée : Casa Vieja, une bodega plus ancienne, un peu perchée, avec une sublime belle vue sur les vignes.

ruta del vino vignoble tarija

Ici, la dégustation n’est pas incluse dans le tour, il faut ajouter 10 bolivianos. Les vins proposés sont proches de ceux de Tierra Chapaca — aromatisés, doux, et accompagnés des mêmes blagues coquines. Pas indispensable, mais l’endroit vaut quand même le coup d’œil.

La vue panoramique sur la vallée de Tarija est superbe, surtout en fin d’après-midi. Si vous avez un peu de temps, leur restaurant a l’air bien, mais je n’ai pas eu l’occasion d’y manger. Je profite juste des dernières photos dans la lumière dorée du couchant avant de remonter dans le bus, un peu fatigué mais content de ma journée.

Retour à Tarija et dîner au mercado central

De retour à Tarija à la tombée de la nuit, je termine ma journée au mercado central, à l’étage, dans l’un de ces petits stands où les cuisinières vous servent avec le sourire.

Pour quelques bolivianos, j’ai droit à un plat généreux, un jus frais et cette ambiance simple que j’aime tant : familles qui dînent, étudiants qui papotent, musique en fond. Une vraie tranche de vie tarijeña.

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